On aurait pu mettre à contribution les entreprises, fiscaliser l’épargne salariale, augmenter légèrement les cotisations. Le gouvernement a choisi de reporter l’âge de départ, ce qui revient à faire travailler plus longtemps les personnes qui ont commencé à travailler le plus tôt…
Le discours de propagation de la peur
Si on suit les prévisions du Conseil d’orientation des retraites, le régime risque effectivement d’être en déficit sur les 20 à 25 années qui viennent. Un déficit temporaire, limité, mais un déficit quand même : Pour le combler les solutions proposées par la CGT n’ont pas manqué.
Alors qu’est-ce qui explique ce refus absolu de considérer une autre source de financement ? Quelles sont les sources de financement dont le gouvernement ne souhaite pas parler?
Deux conceptions concurrentes de la retraite
Dans une perspective libérale, la retraite, c’est du revenu différé
Toute leur vie, les travailleurs consacrent une part de leur salaire aux cotisations retraites. Et quand ils sont trop vieux pour travailler, ils touchent une pension qui dépend de ce qu’ils ont cotisé au cours de leur vie, et qui leur permet de bénéficier d’une période de repos et de loisir avant la mort. C’est ce qu’on appelle le système par répartition à cotisations définies qui ne donne aucune garantie de pension en cas de récession.
Le système Suédois est un exemple, qui envié au départ s’est écroulé avec 10% de rentes en moins sur 4 années.
Dans le système par répartition « à prestations définies » c’est la continuation du salaire
La collectivité décide de se cotiser pour que tous les travailleurs, à un moment de leur vie, puissent bénéficier d’un temps libéré. Les individus continuent de percevoir leur salaire, qui leur permet de décider de quelle manière ils veulent être utiles, contribuer, exister au sein de la société.
L’évolution du modèle français au cours de l’histoire
De 1945 à 1993
Le montant des pensions de retraite se calcule sur les six derniers mois des fonctionnaires, et sur les dix meilleures années des salariés : pour qu’elle soit une continuation du meilleur salaire.
Les pensions de retraites indexées sur les salaires pour que le pouvoir d’achat des retraités suive la même évolution que celui des autres salariés. C’est grâce à cela que la France bénéficie d’un tel tissu associatif : un tiers des retraités sont bénévoles dans une ou plusieurs associations, c’est l’équivalent de 90 000 emplois temps plein
Depuis 1993
Les pensions ne sont plus indexées sur les salaires, mais sur les prix. Dans le privé, elles ne sont plus calculées sur les dix meilleures années, mais sur les 25 dernières. Le taux de remplacement, c’est-à-dire l’écart entre ce que vous touchiez comme salarié, et ce que vous touchez comme retraité, n’a cessé de se creuser. Les travailleurs sont de plus en plus incités à prendre une épargne complémentaire.
Tout cela va donc dans le sens d’une conception libérale de la retraite
Une vision libérale de la société
Et il en va de même pour la réforme actuelle. En exigeant que ce soient les travailleurs qui, en travaillant davantage, équilibrent à eux seuls les déficits du système, le gouvernement affirme sa conception des retraites comme un revenu différé. Et tant pis si, quand vous pouvez enfin vous arrêter, vous êtes trop malade, ou trop abîmé, ou trop fatigué pour utiliser votre temps comme vous l’auriez voulu.
Au contraire, le gouvernement aurait pu décider de faire ce que la France a fait durant toute la seconde moitié du XXe siècle : augmenter très légèrement et très progressivement les cotisations des salariés ou des entreprises pour, coûte que coûte, préserver ce temps libéré, ce temps non subordonné.
C’est bien la preuve que la réforme du gouvernement n’a rien de pragmatique : elle est idéologique
La lecture entre-lignes en vidéo
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La pétition contre la réforme des retraites
Pétition · Retraites : non à cette réforme injuste et brutale ! · Change.org