Douze ans après l’échec retentissant de Cloud watt, Orange annonce la création d’une nouvelle offre de « cloud souverain » avec la création d’une nouvelle entité : Bleu.
Un partenaire technologique exclusif de confiance?
Cette nouvelle société sera conjointement créée avec Cap-Gemini et un ou des partenaires financiers non connus à date.
Au-delà, du fait que ce soit encore une création de filiale, c’est surtout le choix du partenaire technologique exclusif de confiance qui interroge : Microsoft
Cette entité a vocation à héberger les données les plus sensibles du pays (OIV : organisation d’importance vitale) et faire bénéficier des services cloud de Microsoft (azure, Suite 365 …). Si le montage de la société permet d’échapper au cloud-act, le choix de Microsoft pose de nombreuses questions :
- Le cloud-act est une législation mouvante, rien ne garantit l’indépendance de la structure à long terme.
- Des industriels avertissent, sans transparence sur les codes sources d’Azuren que le risque de backdoor (porte dérobées) existe.
- En tant que partenaire technologique exclusif et détenteur du savoir-faire sur la gestion plateformes, la dépendance vis-à-vis de Microsoft est forte.
- Bleu déroule le tapis rouge à un GAFA sur un marché qui lui était fermé jusque-là (cloud souverain).
- Bleu marque l’absence de politique industrielle de l’Europe sur les services cloud, 12 ans après l’échec de cloud watt ;
- La question de la répartition de la valeur entre les différents acteurs reste en suspens.
Pour la CGT, ce projet marque un peu plus encore l’emprise des GAFAM sur notre écosystème numérique en lui permettant d’accéder à nos données les plus sensibles.
S’agit-il d’angélisme vis-à-vis de la nouvelle administration américaine ou de naïveté ? La récente affaire d’espionnage de la chancelière allemande par la NSA (administration Obama) ou les écoutes d’un ancien Président de la République par cette même agence devrait nous inciter à la plus grande prudence.
Bleu pose donc une vraie question sur notre souveraineté numérique, tout comme les politiques industrielles déployées pour rattraper le retard de l’Europe sur les services cloud.
Après avoir ouvert ses portes aux solutions cloud et IA de Google, Orange permet à Microsoft de débarquer sur les cloud souverain, il est loin le temps où le PDG d’Orange affirmait ne pas vouloir devenir « le paillasson numérique des USA ».