Le développement des Gafam: l’avènement d’une nouvelle forme de servitude

Voici l’entretien avec Cédric Durand par le magazine Marianne, auteur de « Technoféodalisme ».

Selon l’économiste Cédric Durand « Les algorithmes des Gafam prennent la place tenue autrefois par les terres seigneuriales » et voit dans le développement des Gafam l’avènement d’une nouvelle forme de servitude.

Marianne : Vous démontrez dans votre livre que la Silicon Valley s’est fondée sur un certain nombre de mythes. Quels sont-ils et en quoi l’évolution réelle des géants du Web en est-elle éloignée ?

 

Cédric Durand : Le consensus de la Silicon Valley promet de redynamiser le capitalisme par l’innovation. Il fait deux principales préconisations…Lire la suite

En arrière-plan de ces recommandations, il y a une série de mythes associés au numérique. En particulier, on trouve l’idée selon laquelle Internet et les réseaux informatiques allaient rendre les individus plus puissants et désarmer les grandes organisations, ce qui devait permettre l’avènement d’un capitalisme de petits entrepreneurs. Or c’est précisément le contraire qui est advenu :Lire la suite

 

M: Loin des promesses de prospérité pour tous, les Gafam ont abouti à une nouvelle forme de violence économique et sociale. Pourtant, ce type d’entreprenariat semble toujours bénéficier d’une image positive, comme en témoigne le concept de « Start-Up Nation » défendu par Emmanuel Macron. Pourquoi ?

C D: Vous avez raison, la start-up est une véritable héroïne de notre temps, car elle semble réaliser l’unité immédiate de deux aspirations parfaitement désirables…Lire la suite

 

 

Pourtant, l’envers des espaces de travail riant de la Silicon Valley, ce sont des logiciels de supervision orwelliens des salariés,…Lire la suite

 

M: À vos yeux, « les sympathiques start-up d’hier sont devenues de féroces monopoles ». Comment procèdent-elles pour asseoir leur domination ?

 

C D: Ébahies par les merveilles de l’internet, les autorités ont laissé des entreprises comme Google, Uber, Facebook ou Amazon établir des positions extrêmement fortes sans s’inquiéter, initialement en tous cas, des implications économiques et politiques de leur montée en puissance. Le fait est que ces firmes produisent de nouveaux genres de services très utiles. C’est également vrai que la puissance de ces services en termes de qualité des recommandations et de réactivité est intrinsèquement liée à l’échelle à laquelle ils opèrent, c’est-à-dire au nombre de personnes qui les utilisent. A l’âge des Big Data, cette loi économique de l’efficacité des grands nombres est à l’origine d’une tendance extrêmement forte à la centralisation qui vient brutalement invalider l’idée néolibérale selon laquelle la concurrence serait un révélateur adéquat de l’effort et de la performance.

 

M: Vous estimez que les utilisateurs d’Internet sont tels des serfs rivés à leur glèbe. En quoi le fait de renoncer à utiliser les réseaux sociaux ou certains outils numériques aboutit-il à une forme de marginalisation sociale ?

 

C D: Les individus, mais aussi les entreprises, les associations et les administrations sont désormais dépendants de services numériques sans lesquels le déploiement ordinaire…Lire la suite

La même logique prévaut pour le commerce en ligne. En France, les dépenses en ligne…Lire la suite

 

M: La prédation, les monopoles et la surveillance sont des critères qui justifient pour vous le concept de technoféodalisme. Mais en quoi sont-ils typiques du féodalisme ?

C D: Un mode de production, c’est une manière de produire et de consommer à l’échelle de la société…Lire la suite

Les vrais besoins sont ignorés tandis que tous les efforts entrepreneuriaux sont tournés vers…Lire la  suite

  • L’interview complète ci-dessous:

 

 

 

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